29 juillet 2014

Nous avons sorti le cochon de l'appartement,

de nuit, en courant jusqu'à la voiture, tels des criminels hautement recherchés.
La pauvre bête était toujours dans son draps douteux, et nous avons dû la tasser dans le coffre, laissant aux âmes sombres qui passaient par là une image sortant tout droit d'un commissaire Maigret.
En conduisant vers la campagne, j'ai cru voir plusieurs fois des gyrophares dans le rétroviseur.
J'imagine d'ici la scène, moi les mains menottées dans le dos, la joue plaquée contre la voiture.
J'aurais alors tout avoué : la cuillère de piment dans la bouche du petit garçon que gardait ma mère, à 5 ans ; le coup de crayon dans le nez de mon frère, à 8 ; le crêpage de cheveux avec une élève de 4ème, à 12 ; le "non en effet je n'étais pas chez une copine", à 15. Le reste va en s'empirant, je préfère garder le silence, tout ce que je pourrais dire sera retenu contre moi.

Je crois que je ferai un anniversaire végétarien l'an prochain.

25 juillet 2014

J'ai voulu fêter mon anniversaire avec un cochon.

La pauvre bête de 20 kilos m'attendait à l’abattoir. Le type me l'a déplacée jusque dans la voiture, emballée dans un drap blanc, à la place habituelle de louloute, la chienne. J'ai fait le trajet jusque chez moi, évitant de regarder en arrière et chantant à tue tête sur un tube des Billy ze Kick, pour conjurer le sort. En sortant la bête de la voiture, les gens me regardaient avec des yeux méfiants et certains ont même changé de trottoir. C'est en arrivant dans l'appartement que je me suis rendue compte que le drap blanc laissait apparaître une grosse tâche de sang.
J'ai peur de voir les flics débarquer à un moment ou un autre. Si ça sonne, je file par le toit rejoindre l'éléphant en bois toujours coincé entre les tuiles. Peut être que lui aussi se cache pour cause de cuisson de cochon à la broche intempestive.